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Queules : sculptures créées pour le musée de Bibracte
Sur les terrasses sud-est et sud-ouest du musée, Jane Norbury présente sa nouvelle série de sculptures, Queules, inspirée par ces étranges formations végétales caractéristiques du Mont Beuvray, arbres anciennement plessés, tressés en haies, qui ont repris leur liberté. Au premier regard, les reliefs bourgeonnants de certaines sculptures, qui contrastent avec la rigueur de l'architecture pour laquelle elles ont été pensées, en rappellent les excroissances. Mais le processus de création lui-même est à l'image de ce patrimoine végétal. En effet, tel le hêtre du Morvan qui croît entre la contrainte de la forme imposée par la haie à laquelle il a appartenu et sa nature farouchement libre, le dynamisme formel de ces sculptures nait du mouvement contraire dont elles procèdent. Le travail de création s'articule dans un dialogue entre l'artiste et son matériau de prédilection, cuit en réduction entre 1050 et 1100 degrés. Si des travaux préparatoires, sous forme de maquettes, fixent l'idée de départ, la nature et les réactions de la terre imposent leurs développements. Jane Norbury, fine connaisseuse des techniques de la céramique, choisit ici d'expérimenter et de se laisser surprendre. La terre qu'elle utilise pour la première fois, une glaise des Landes, offre une bonne résistance qui permet de créer des œuvres de grand format. Toutefois, les dimensions des pièces entraînent parfois des réactions imprévues de la matière, que l'artiste accueille et à partir desquelles elle improvise.
Les pièces de cette série, résolument organiques, diffèrent par leurs formes d'aspect tour à tour minéral, végétal ou presque animal. Si les premières semblent douces et policées, très vite apparaissent des rugosités. La terre est travaillée par poussées de l'intérieur vers l'extérieur, créant une surface accidentée qui rappelle l'écorce. La texture est obtenue par grattage, les menues pierres et la chamotte (terre cuite concassée) présentes dans la terre en griffent la surface, une engobe blanche vient parfois ensuite en souligner les aspérités. Les formes plus contrôlées des premières sculptures sont bousculées par une énergie qui semble provenir de l'intérieur. Peu à peu, elles s'émancipent et se redressent. Ici, laTimeline (frise chronologique) est à chercher dans la série tout entière, dont chacune des dix sculptures est un jalon marquant l'évolution, indissociable d'un temps qui se serait écoulé.
Anne Yanover 2017 |
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